l'affaire
Arius ou la grande querelle sur la divinité du Christ au dernier siècle de
l'Empire romain,
En
l'an 324, ['Église, à peine officiellement reconnue, doit faire
face à l'une des controverses les plus, passionnées
et les plus violentes de son histoire: Jésus, fils de
Dieu, est-il l'égal de son Père, partageant avec - lui
la même essence divine, comme le proclame l'évêque d'Alexandrie
Athanase ? Ou est-il moins que Dieu, créature « subordonnée » à son
créateur, comme te professe un simple prêtre, Arius ?
C'est l'histoire de cette grande querelle sur ta divinité du Christ
qui agita l'ensemble du monde romain pendant presque un siècle que
Richard E. Rubenstein raconte dans ce livre passionnant.
« Richard
Rubenstein
écrit
avec vigueur, simplicité et intrépidité. On se laisse prendre au jeu,
sans oublier les enjeux qui dans l'histoire des religions mais aussi
dans la géopolitique de l'Occident, voire du monde, pèsent encore
aujourd'hui d'un poids considérable. »
Michel V ovelle
Chroniques et points de vue
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Le récent succès de la série Corpus
Christi a montré que le refus d'une vision historique et
historicisée de la réalité chrétienne n'est plus de mise, que les
accusations qui frappèrent Renan et Loisy renvoient à une mentalité
aujourd'hui désuète. En tant que religion de l'incarnation, le
christianisme est plongé corps et âme dans l'histoire, connaît évolution
et mutation. Le savant ouvrage du Pr Rubenstein sur "L'Affaire
Arius" en est une preuve éclatante. En effet, le Christ n'a pas
toujours été une figure de la divine trinité. Quand, en 324 de notre
ère, L'Empire romain devient, par la conversion de Constantin, un état
chrétien, la figure du Christ est encore sujette à débat. Face à
Athanase, évêque d'Alexandrie et partisan de la divinité du Christ,
se dresse le prêtre Arius, favorable lui à une vision d'une humanité
supérieure mais non-divine d'un Jésus subordonné à son père. La
controverse est violente, durera presque un siècle et prendra des
formes de quasi-guerre civile. C'est cette lutte que retrace le livre de
Richard Rubenstein, élève de ce grand spécialiste de la Révolution
qu'est Michel Vovelle. Il nous dépeint avec précision un affrontement
qui révèle avant tout les soubassements politico-culturels des luttes
entre Orient grec et Occident romain et réaffirme la dimension
historique des croyances. Après celle de la peur et du paradis donnée
par Jean Delumeau, voici l'amorce d'une autre histoire : celle de
la foi. --François Angelier
SDM
Histoire d'une controverse, celle de l'arianisme
qui, au début du 4e siècle, départagea les théologiens qui
affirmaient avec S. Athanase que Jésus était l'égal divin du Père
dans la Trinité et les disciples d'Arius qui ne lui concédaient qu'une
humanité supérieure. Débat passionnant raconté avec verve.
Le Banquet, n°17,
2002/1.
Nous ne dissimulerons pas qu'en ouvrant la
première fois l'ouvrage, nous avons été étonnés par le ton enjoué de
la narration, le caractère parfois spectaculaire du récit, l'aspect imagé
des descriptions qui nous transportent au IVe siècle de notre ère et
nous font participer à l'histoire comme si nous y étions. Ceux-ci ne sont
pas étrangers au plaisir que nous avons mis à lire l'ouvrage. Mais
celui-ci est d'abord du plus haut intérêt philosophique et historique et
l'analyse de l'arianisme et des « disputes » qu'il occasionna
est conduite de manière magistrale. On est tenu perpétuellement en haleine
par un texte qui associe histoire et pensée et qui montre l'enracinement
populaire étonnant des débats théologiques les plus abstraits. On y
croise des personnages mémorables : l'évêque Athanase, chef des
anti-ariens, l'empereur Constantin et ses fils, le subtil Grégoire de Nysse,
le remarquable Eusèbe de Nicomédie ; on y assiste à des événements
fondateurs, comme le concile de Nicée ; on y discerne l'annonce de séismes
ultérieurs qui, sans la querelle de l'arianisme, ne seraient peut-être
jamais survenus, comme le grand schisme entre l'Église d'Orient et l'Église
d'Occident.
Qu'est-ce que l'arianisme ? Pour aller
vite, c'est une doctrine qui professe que Jésus-Christ, quoique fils de
Dieu, n'est pas Dieu lui-même – donc il n'est pas éternel (même s'il
est « préexistant »). Quelles en sont les conséquences
? L'homme ne peut imiter Dieu, mais il peut imiter le Christ par sa volonté
et parvenir ainsi à la perfection morale. Mais peut-on alors rendre un
culte à un « être humain » sans sombrer dans le paganisme
? Peut-il n'être qu'un prophète ou même le Messie ? S'il a une
nature différente des hommes, alors le Christ n'est-il pas un deuxième
Dieu ? N'est-ce pas aussi païen ou juif ? Les interrogations
critiques des antiariens, soucieux de restaurer l'autorité de l'Église, se
sont déployées avec force, mais durent faire face au schéma «
rationalise » des ariens, qui en plus reposait sur une hiérarchie en
concordance avec les conceptions orientales en même temps que sur une
certaine tolérance par rapport aux libertés prises envers les dogmes.
Toutes les tentatives pour chercher un compromis, malgré une imagination théologique
débordante, furent finalement vaines et l'arianisme fut défait, au moins
provisoirement, peut-être aussi parce qu'il finit par moins correspondre à
l'esprit du temps.
Au-delà des perspectives passionnantes
qu'ouvre le livre pour la compréhension de ces temps décisifs pour
l'orientation du monde, l'ouvrage offre des notations saisissantes, parfois
au détour d'une phrase, sur la nature même de la religion – ainsi quand
Rubenstein montre que les chrétiens « avaient en fait redéfini la
notion même de religion » (p. 50) – ou sur le concept
de volonté. On y voit aussi se profiler les premières questions relatives
à la séparation entre l'Église et l'État et, de manière générale,
l'ouvrage peut être lu comme une sorte de traité appliqué du pouvoir
politique. On y comprend mieux les implications souvent personnelles des
querelles théologiques les plus abstraites. Il montre aussi par quelle voie
et après quelle (longue) histoire théologique, des ruptures peuvent s'établir
dans les conceptions. Ainsi, la doctrine cappadocienne qui, « différenciait
la divinité chrétienne, qui incorporait désormais Jésus et l'Esprit
Saint, du Dieu monolithique » des autres religions monothéistes,
introduisit pour la première fois une rupture radicale « avec la foi
ancestrale de la Bible » (pp. 242-243). D'une certaine manière,
le christianisme naquit vraiment à ce moment-là : non
seulement Jésus devint Dieu, mais « Dieu devenait Jésus ».
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