Le jour où Jésus devint Dieu
de Richard E. Rubenstein

préface de Michel VovelleLe jour où Jésus devint Dieu

La Découverte,  12 février 2004, épuisé

réédition Broché - 285 pages (2 février 2006)

traduit de l'anglais :!

 l'affaire Arius ou la grande querelle sur la divinité du Christ au dernier siècle de l'Empire romain, 

En l'an 324, ['Église, à peine officiellement reconnue, doit faire face à l'une des controverses les plus, passionnées et les plus violentes de son histoire: Jésus, fils de Dieu, est-il l'égal de son Père, partageant avec - lui la même essence divine, comme le proclame l'évêque d'Alexandrie Athanase ? Ou est-il moins que Dieu, créature « subordonnée » à son créateur, comme te professe un simple prêtre, Arius ?

C'est l'histoire de cette grande querelle sur ta divinité du Christ qui agita l'ensemble du monde romain pendant presque un siècle que Richard E. Rubenstein raconte dans ce livre passionnant.

 

« Richard Rubenstein écrit avec vigueur, simplicité et intrépidité. On se laisse prendre au jeu, sans oublier les enjeux qui dans l'histoire des religions mais aussi dans la géopolitique de l'Occident, voire du monde, pèsent encore aujourd'hui d'un poids considérable. »

Michel Vovelle


Chroniques et points de vue

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Le récent succès de la série Corpus Christi a montré que le refus d'une vision historique et historicisée de la réalité chrétienne n'est plus de mise, que les accusations qui frappèrent Renan et Loisy renvoient à une mentalité aujourd'hui désuète. En tant que religion de l'incarnation, le christianisme est plongé corps et âme dans l'histoire, connaît évolution et mutation. Le savant ouvrage du Pr Rubenstein sur "L'Affaire Arius" en est une preuve éclatante. En effet, le Christ n'a pas toujours été une figure de la divine trinité. Quand, en 324 de notre ère, L'Empire romain devient, par la conversion de Constantin, un état chrétien, la figure du Christ est encore sujette à débat. Face à Athanase, évêque d'Alexandrie et partisan de la divinité du Christ, se dresse le prêtre Arius, favorable lui à une vision d'une humanité supérieure mais non-divine d'un Jésus subordonné à son père. La controverse est violente, durera presque un siècle et prendra des formes de quasi-guerre civile. C'est cette lutte que retrace le livre de Richard Rubenstein, élève de ce grand spécialiste de la Révolution qu'est Michel Vovelle. Il nous dépeint avec précision un affrontement qui révèle avant tout les soubassements politico-culturels des luttes entre Orient grec et Occident romain et réaffirme la dimension historique des croyances. Après celle de la peur et du paradis donnée par Jean Delumeau, voici l'amorce d'une autre histoire : celle de la foi. --François Angelier

SDM
Histoire d'une controverse, celle de l'arianisme qui, au début du 4e siècle, départagea les théologiens qui affirmaient avec S. Athanase que Jésus était l'égal divin du Père dans la Trinité et les disciples d'Arius qui ne lui concédaient qu'une humanité supérieure. Débat passionnant raconté avec verve.

 


Le Banquet, n°17, 2002/1.

 

Nous ne dissimulerons pas qu'en ouvrant la première fois l'ouvrage, nous avons été étonnés par le ton enjoué de la narration, le caractère parfois spectaculaire du récit, l'aspect imagé des descriptions qui nous transportent au IVe  siècle de notre ère et nous font participer à l'histoire comme si nous y étions. Ceux-ci ne sont pas étrangers au plaisir que nous avons mis à lire l'ouvrage. Mais celui-ci est d'abord du plus haut intérêt philosophique et historique et l'analyse de l'arianisme et des «  disputes  » qu'il occasionna est conduite de manière magistrale. On est tenu perpétuellement en haleine par un texte qui associe histoire et pensée et qui montre l'enracinement populaire étonnant des débats théologiques les plus abstraits. On y croise des personnages mémorables  : l'évêque Athanase, chef des anti-ariens, l'empereur Constantin et ses fils, le subtil Grégoire de Nysse, le remarquable Eusèbe de Nicomédie  ; on y assiste à des événements fondateurs, comme le concile de Nicée  ; on y discerne l'annonce de séismes ultérieurs qui, sans la querelle de l'arianisme, ne seraient peut-être jamais survenus, comme le grand schisme entre l'Église d'Orient et l'Église d'Occident.

Qu'est-ce que l'arianisme  ? Pour aller vite, c'est une doctrine qui professe que Jésus-Christ, quoique fils de Dieu, n'est pas Dieu lui-même – donc il n'est pas éternel (même s'il est «  préexistant  »). Quelles en sont les conséquences  ? L'homme ne peut imiter Dieu, mais il peut imiter le Christ par sa volonté et parvenir ainsi à la perfection morale. Mais peut-on alors rendre un culte à un «  être humain  » sans sombrer dans le paganisme  ? Peut-il n'être qu'un prophète ou même le Messie  ? S'il a une nature différente des hommes, alors le Christ n'est-il pas un deuxième Dieu  ? N'est-ce pas aussi païen ou juif  ? Les interrogations critiques des antiariens, soucieux de restaurer l'autorité de l'Église, se sont déployées avec force, mais durent faire face au schéma «  rationalise  » des ariens, qui en plus reposait sur une hiérarchie en concordance avec les conceptions orientales en même temps que sur une certaine tolérance par rapport aux libertés prises envers les dogmes. Toutes les tentatives pour chercher un compromis, malgré une imagination théologique débordante, furent finalement vaines et l'arianisme fut défait, au moins provisoirement, peut-être aussi parce qu'il finit par moins correspondre à l'esprit du temps.

Au-delà des perspectives passionnantes qu'ouvre le livre pour la compréhension de ces temps décisifs pour l'orientation du monde, l'ouvrage offre des notations saisissantes, parfois au détour d'une phrase, sur la nature même de la religion – ainsi quand Rubenstein montre que les chrétiens «  avaient en fait redéfini la notion même de religion  » (p.  50)  – ou sur le concept de volonté. On y voit aussi se profiler les premières questions relatives à la séparation entre l'Église et l'État et, de manière générale, l'ouvrage peut être lu comme une sorte de traité appliqué du pouvoir politique. On y comprend mieux les implications souvent personnelles des querelles théologiques les plus abstraites. Il montre aussi par quelle voie et après quelle (longue) histoire théologique, des ruptures peuvent s'établir dans les conceptions. Ainsi, la doctrine cappadocienne qui, «  différenciait la divinité chrétienne, qui incorporait désormais Jésus et l'Esprit Saint, du Dieu monolithique  » des autres religions monothéistes, introduisit pour la première fois une rupture radicale «  avec la foi ancestrale de la Bible  » (pp.  242-243). D'une certaine manière, le christianisme naquit vraiment à ce moment-là  : non seulement Jésus devint Dieu, mais «  Dieu devenait Jésus  ».

 

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@2006 "Jésus simplement" mise à jour le 21/02/2006