HORS DE L'EGLISE, 

LE SALUT ?

Michel BENOIT 

 

JS n° 43, 11/02/05

(à propos de la plaquette Jacques Gaillot, 10 ans déjà... ,"Parvis" Hors-Série n° 12)

 

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Cette plaquette rend témoignage à un homme pour lequel je n'éprouve que de la sympathie. Mais le "cas d'école" qu'il représente nous oblige à dépasser le cas particulier : l'histoire seule peut nous aider à comprendre ce qui lui est arrivé, et ce qui nous arrive. l'Église s'est construite sur l'exclusion et par l'exclusion.

Ceci, dès son origine : Paul exclut les autres apôtres, "ces gens qui se prennent pour quelque chose - ce qu'ils croient être, je n'en ai rien à faire"(2). Pierre exclut Paul (3), Jacques exclut Pierre (4)... Sans oublier le mystérieux disciple que Jésus aimait, qui joue un rôle capital dans la vie de Jésus et la première transmission de ses gestes et paroles - et qui est radicalement exclu de l'Église, au point de ne plus apparaître que comme une ombre dans le IVè évangile (5).

Faut-il continuer ? D'Arius (prêtre d'Alexandrie) à Nestorius (évêque de Constantinople) puis à Drewermann et Gaillot, la liste est très longue de ceux qui ont été exclus par l'Église.

L'Église est fondée sur le double langage : elle prêche l'amour de l'autre, mais elle ne doit son existence et sa survie qu'à l'exclusion des autres. Aux origines ce fut, rappelons-le, fort difficile : juive par sa naissance, créée sur le tombeau d'un juif, elle ne vient au jour qu'en reniant son judaïsme originel (6) - pour ensuite persécuter les juifs. Rejetant les dieux du paganisme au motif que ce sont des figures humaines divinisées, c'est en divinisant un homme qu'elle se constitue. Refuser d'être juive quand on l'est de naissance, et prétendre dépasser le paganisme quand on l'adopte, c'est un des tours de passe-passe fondateurs de l'Église. A chacune de ces étapes fondatrices, l'exclusion violente fut le moyen de l'existence et de la survie de l'Église.

Faut-il s'étonner ? Non. Le "cas Gaillot" est la répétition d'un scénario qui se met en place dès le dimanche 9 avril 30, quand le tombeau est trouvé vide aux portes de Jérusalem. Et qui, depuis, ne cesse de se répéter. Ce qui distingue J. Gaillot, c'est la médiatisation de son affaire. Mais ils sont des dizaines de milliers à avoir connu le même sort que lui. C'est mon cas, personne n'en parle et c'est bien ainsi.

Comment vivre, quand on sait cela ?

Nous devons tous à l'Église d'avoir pu connaître le fils de Joseph, Jésus le nazôréen. Sans ces apôtres, Jésus serait resté un Prasekha Bouddha : un Éveillé inconnu.

Nous leur devons d'avoir transmis ce que nous pouvons savoir de Jésus. Mais nous leur devons aussi de l'avoir transformé en Dieu, à la mesure de leur ambition qui était de conquérir le monde - ce qu'ils ont fait. Nous leur devons d'avoir fait passer leur ambition - le pouvoir - avant tout, avant Jésus lui-même.

N'attendons pas de l'Église qu'elle devienne, miraculeusement, ce qu'elle n'a jamais pu être, ce qu'elle ne sera jamais : l'expression visible, sur cette planète, du "Royaume" annoncé par le nazôréen. N'attendons pas qu'elle se transforme : si elle pouvait le faire, elle l'aurait fait depuis longtemps. Les occasions n'ont pas manqué, des hommes et des femmes éminents l'ont souvent tenté. Cela ne s'est pas fait : cela ne se fera pas.

Comprenons que l'Église chrétienne, comme l'Église musulmane, ne peut renoncer ni à ses dogmes, ni aux pratiques nécessaires pour préserver ces dogmes. ...

 

Michel BENOIT : 

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mibe@wanadoo.fr

 

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@2006   dernière mise à jour 11/04/2006