Marcel Légaut
Les paraboles du royaume
clé de voûte du message de Ieshoua
JS n°39 , 13/09/03, p. 3-4
illustration du « ton donné »
pour la présentation de chacun le 1er jour de notre rencontre... à Miremande
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Un des caractères de l'homme spirituel, c'est à la fois la lucidité et, dans une certaine mesure une certaine façon de parler avec simplicité de ce qu'il est : la transparence...
Pour être capable de se dire, il faudrait que nous soyons chacun arrivé à cette vie spirituelle qui permet la transparence, sinon nous retombons au niveau du désordre de départ. Nous sommes loin de ce que Jésus appelait : le Royaume de Dieu.
En revanche, quand on est capable de manifester cette transparence qui est d'abord pour soi lucidité de l'esprit et limpidité du coeur, à quelqu'un qui est digne de la recevoir, c'est l'essentiel au point de vue spirituel.
Clé de voûte du message et du témoignage de Ieshoua.
Importance des paraboles du Royaume, selon Marcel Légaut
L'avènement du Royaume de Dieu en l'homme est une réalité trop profonde pour ne pas être au premier abord cachée même lorsque les paraboles le décrivent. Il a besoin d'être cherché et n'est trouvé que progressivement, par l'initiative de chacun, suivant sa mesure et ses cadences, suivant la manière dont il s'ouvre sur l'essentiel. Les paraboles insistent sur ce qu'elles veulent communiquer, non par une affirmation solennelle et comme impérative, mais par la répétition systématique des mêmes insinuations. Elles les renouvellent sous des formes très variées (...)
Certainement c'est la partie de son message qui lui tenait le plus à coeur et qui révèle le mieux son esprit; elle introduit plus que toute autre dans le secret de ce qu'il vivait et dans l'essentiel de sa mission. C'est la clef nécessaire pour donner à ses autres propos et actions leur signification exacte, et ainsi permettre de tenir compte de l'influence des circonstances qui les ont accompagnés, dans une certaine mesure suggérés, et qui parfois ont peut-être pesé sur eux.
Malgré la préparation spirituelle d'Israël, seul l'ascendant personnel de Jésus facilitait aux juifs la compréhension véritable d'un tel message qui sans doute usait de leurs manières de dire, de sentir et de penser, mais qui était radicalement différent par le ton et par l'esprit de ce qu'ils entendaient sans cesse et partout. C'est pourquoi il était nécessaire que sous des formes très variées, cet enseignement, par son insistance, fît peu à peu son chemin chez des auditeurs malgré les idées courantes de leur milieu et les interprétations, conformes à leur mentalité, qu'ils donnaient spontanément aux paraboles.
Quand, pour décrire l'avènement du Royaume de Dieu, Jésus utilise l'image de la semence, des talents confiés par le roi à ses serviteurs, quand il raconte l'histoire des vierges folles et des vierges sages, évoque le jugement dernier, toujours il montre l'homme laissé face à face avec lui-même, libre de ses initiatives, sans aucune instruction sur ce qu'il doit faire, sans aucun renseignement sur ce qui pourrait lui arriver finalement à la suite de ses divers comportements.
La semence tombe où elle peut, dans un champ mal préparé à l'accueillir ; elle ne reçoit aucun soin pour faciliter sa levée et sa croissance...
(...)
La mission de Jésus est née au coeur du peuple juif, peuple de forte cohésion, ayant par ses traditions une haute tenue spirituelle. A mesure qu'elle se manifestait dans son originalité, loin d'instituer de nouvelles structures sociales, elle s'est développée en réaction contre celles qui limitaient religieusement Israël, quoique celles-ci fussent précisément à l'origine de la grandeur nationale ; structures fondées sur l'observance de comportements non seulement extérieurs mais établies sur l'obéissance et l'amour d'une loi, entrant dans le détail de la vie individuelle et collective, ayant les mêmes exigences pour tous, loi vénérable par sa haute antiquité et revêtue de toutes les prérogatives de l'autorité divine.
Jésus n'a pas voulu seulement réformer les coutumes et les moeurs de son peuple pour les rendre plus conformes à l'esprit de la Loi. Au contraire, il paraît avoir eu principalement la mission d'amorcer chez les hommes l'avènement d'une religion où la soumission, même par obéissance intérieure, à une loi aussi parfaite soit-elle, n'épuise pas la fidélité au meilleur de soi-même, d'une religion qui demande à être inventée par chacun plus encore que reçue, car nul ne peut l'enseigner comme nul ne peut l'apprendre sans l'amoindrir au point qu'elle en soit dégénérée ; finalement, d'une religion illimitée dans ses exigences, mais les grandissant patiemment de pair avec les croissances de l'humain qu'elle met en oeuvre sans en rien l'évincer ni l'écraser.
Ménageant l'homme jusqu'à épouser ses cadences et ses particularités, se servant de toutes les circonstances qu'il rencontre, de toutes les réactions que celles-ci provoquent en lui, cette religion l'introduit dans la liberté, là où ne règne plus la loi mais où rayonnent les béatitudes, plus lumineuses encore par ce qu'elles suggèrent à chacun que par les convenances générales qui visent à les fonder.
A travers sa vie, au-delà d'elle, dans son existence même, l'homme trouve la sanction de cette liberté. Ce qu'il fait n'est pas dû à l'espoir d'une récompense ni à la crainte d'un châtiment. Ce qu'il devient naît de la rencontre de sa grandeur et de celle de Dieu ; rencontre qu'il ne peut pas concevoir à l'avance, qu'il découvre progressivement, à sa mesure, par ce qu'elle lui impose et lui apporte.
Marcel Légaut
Marcel Légaut, « Introduction à l'intelligence du passé et de l'avenir du christianisme» p. 129-135, « Chercher Jésus » p. 161-167
Voir déjà « Travail de la foi », Seuil, 1962 : ch. 6 : L'accomplissement spirituel. Long extrait dans "Chercher Jésus" p.78-88 : "Ce que Jésus est venu amorcer"
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@2006 JS "Jésus simplement" mise à jour 11/04/2006