Marcel LEGAUT
"O Homme"
dans JS, n°28, 13/03/01, p. 2-3
(extrait d'une prière de M. Légaut où Dieu est sensé présenter diverses facettes de la grandeur de l'homme , (très inspirée, me semble t-il, de sa relation à Jésus) grandeur qu'il a découverte peu à peu, au cours de son évolution vers son accomplissement humain)
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Tu es de la sève de l'Acte créateur d'où jaillit l'univers. Au delà de ce que tu sais dire et faire, au delà de ce que tu perçois, tu peux en toi porter le monde. Fort de ton pouvoir, sauras-tu l'épouser avec la fidélité de Celui qui est fidèle de par ce qu'il est ?
Tu es de la beauté dont l'univers rayonne dans la lumière des jours et qu'il fait monter du silence des nuits. Sans abuser d'elle, sauras-tu en accueillir l'éclat pour devenir toi-même par elle d'une tout autre beauté ?
Tu es de la grandeur vers quoi l'univers s'efforce de par l'immensité impensable où il se déploie. Immergé en lui, sauras-tu ne pas y être englouti , t'en détacher sans être séparé, et devenir tout autre ?
Tu es le fruit possible, quoique encore improbable, de l'univers qui te porte en son sein. Nourri de sa sève, sauras-tu mûrir vers la cime du réel, suspendu sur le vide de ce qui encore n'est pas ?
O homme, par l'histoire que tu vis, par celui que tu deviens, tu es unique et solitaire. Tu es le premier à être ce que tu es, et le dernier. Si beaucoup sont comme toi, nul n'est toi. Si beaucoup te fréquentent, nul n'est avec toi. Mais, fils des hommes innombrables qui t'ont précédé, sauras-tu être père pour ceux, innombrables, qui te succéderont ?
Dans le mystère de ta personne, un monde de présences se crée de tous ceux qu'à travers ton humanité tu atteins dans leur humanité. Ta substance se déploie en chacune de ces présences du mouvement qui te rend présent à toi-même. Nulle d'entre elles n'est de trop pour que tu te trouves. Ta taille se mesure à la taille de ceux qui sont devenus tes frères. Tu ne sauras tendre vers ton accomplissement que si tu entrevois en eux la grandeur qui les appelle...
En toi l'univers se mire et vise à prendre forme spirituelle. En toi tes frères trouvent une autre vie éternelle.
A partir des remous sans fin de ton milieu de vie, sous le brouillard opaque de tes sensations, dans le bourdonnement incessant de tes passions, un être veut sourdre en toi, de toi. Laisse-le advenir à la lumière de ta propre conscience et au-delà de celle qui, aujourd'hui, t'éclaire. Plongé dans le silence qui n'est pas stérile, car toute parole vraie y prend naissance, laisse-le prendre « présence ».
Quitte les langes de ton être et la surface des choses. Pour que ce que tu vis prenne ta forme humaine, joins-toi à l'Acte dont tu viens et où tu reviendras à l'heure de ta mort. Fais tout cela dans l'éminente attente de ce qui, encore inconnu, est déjà pressenti. Ainsi l'oiseau frétille de ses jeunes ailes avant de s'ouvrir au risque du vol, de s'en aller du nid qui était sa demeure et d'épouser l'espace immense qui sera son royaume.
Solitaire, tu ne seras pas seul. Dépouillé, tu ne seras pas nu.
Crois-tu que tu puisses être séparé de ce qui est devenu toi ? O chef-d'oeuvre capable de porter en toi toutes les oeuvres de Celui dont tu n'appréhendes le mystère qu à travers l'approche du tien !
Crois-tu qu'en ce que tu seras, ne seront pas aussi ceux qui t'ont été donnés et que tu as accueillis ? 0 toi, créé par l'Amour pour aimer et être aimé !...
Marcel Légaut
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@2006 "Jésus simplement" mise à jour le 11/04/2006