Hommage à un ancien, un guide et un témoin : 

Jean MOUSSE [1]

Jésuite (1921- 10 juin 2003)

écrit par Georges Glaentzin, le /07/03

JS n°39 18/09/03

[1] Jean Moussé sj – Le second souffle de la foi, ou le décapage des traditions   Ed.  Luneau  - 1984

Jean Mousse: Georges Morel, Question d'homme?

"Le concentrationnaire n'avait pas assez de toute son attention et de toute son énergie pour faire face à tout instant aux menaces de mort et saisir les chances de survie qui se présentaient. C'était au prix d'un rétrécissement psychique indispensable à la survie... C'est aussi une condition de survie, mais dont je compris plus tard toute l'importance. "

"Libre à Buchenwald" Leçon de vie pour aujourd'hui,  1995 -Bayard Editions/Centurion

 

Certaines synchronicités sont comme un lever de voile sur le mystère du Monde et de la Création. Il est des morts qui nous touchent et nous interpellent. Celle de Jean Moussé, survenue en cette fm de printemps me suggère ce petit mot, en forme d'hommage. Il relie trois univers:

 

Celui du bulletin "Jésus simplement" où il s'est encore exprimé en mai dernier, comme à l'orée du grand passage, où il est question du "silence de Dieu", "de la paix qui est si loin, de la principale occupation qui est de me reposer. Elle est aussi de prier, de m'émerveiller sans cesse des merveilles de Dieu, ... je me sens de plus en plus éloigné des systèmes de théologie. Mais, ce serait trop long à expliquer... Continuez votre bon travail. " Cet aveu et cet encouragement est un beau cadeau pour ce groupe et chacun d'entre nous réunis autour du témoignage et du cheminement de Marcel Légaut. A l'instar de ces anciens, nous sommes tous appelés à nous délester de nos certitudes et de nos attachements excessifs ou exclusifs, matériels et religieux.

Celui du MCC (Mouvement des Cadres Chrétiens) avant que le terme "chrétien" ne vienne qualifier le mouvement, dont il fut l'aumônier national durant ces années 70, de l'immédiat "après mai 68". Années charnière pour un monde occidental et industriel qui interrogeait l'avenir sur le mode de la productivité, de la nécessité des concentrations industrielles, à l'Est comme à l'Ouest, de l'incontournable question sociale toujours à reprendre, et surtout de notre enchaînement collectif et aveugle à une énergie peu chère, puisée dans des territoires dont les peuples venaient de sortir difficilement d'une colonisation menée par des nations chrétiennes" et qui se nourrissent à d'autres sources spirituelles que le christianisme. Années fortes de l'engagement personnel dans la cité, dans le monde associatif et syndical. Années du doute, face aux bouleversements économiques et politiques vécus et subis jusqu'à la chute du Mur. Trente ans plus tard, nous constatons l'ampleur des problèmes non ou mal résolus et des nouveaux problèmes qui s'y sont surajoutés. Les nouvelles guerres chaudes prenant la suite de la guerre froide ne sont que la suite logique d'aveuglements à court terme, de mensonges déguisés en raisons d'Etat et de fautes inavouées contre l'Esprit. Merci à Jean Moussé pour son accompagnement spirituel, au fil des congrès du mouvement, des articles dans la revue "Responsables" et dans la "Croix". Il fut un guide lucide et pertinent, puisant ses réflexions et son analyse dans une expérience très personnelle, peu connue à l'époque. C'est en 1995 seulement, avec son livre "Libre à Buchenwald" que j'ai compris la force de ses analyses et de sa vision.

 

Celui de témoin de l'inhumain à la suite de tant d'autres survivants des camps de concentration, qui ont mis plusieurs décennies pour entreprendre le travail de mémoire et fixer pour les générations futures un témoignage irremplaçable sur la condition humaine, confrontée à la mort inhumaine et brutale, à la survie jour après jour, puis à la vie qui est à reprendre après le cauchemar.

Alors que nous étions quelques-uns à nous retrouver au sein du MCC sous son parrainage pour mener une réflexion sur la réduction du temps de travail, comme une des solutions à l'exclusion du travail par le chômage, son livre est venu à point nommé pour montrer que par bien des aspects la réclusion du déporté s'apparente à bien des égards à l'exclusion du chômeur. Beaucoup de responsables et de dirigeants de groupes humains devraient méditer son témoignage, au moment où le chômage repart à la hausse.

Merci encore pour cette révélation capitale.

Georges GLAENTZLIN

 31 juillet 2003

 

 


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@2006 "Jésus simplement" mise à jour le 11/04/2006