Georges Sauvage

"INCOMPARABLE IESHOUA"

dans JS n° 30, p. 3-4

Lire Richard Rubenstein

"Le jour où Jésus devint Dieu: L'affaire Arius"
Ed. La Découverte, 2001.

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Incomparable Ieshoua,

sur qui je ne pourrai jamais m'exprimer que sur fond d'inconnaissance,

seule attitude qui soit juste, sans atténuer mon ardeur, - bien plutôt la stimulant !- dans ma quête heureuse et paisible !

Hébreu, de tradition pharisienne et donc fervente, Ieshoua n'a rien inventé; simplement il réinventait tout de par sa qualité d'être, sa singularité, cette façon heureuse, surprenante, irrésistible, géniale, de ressentir, de reprendre à son compte, d'interpréter dans sa vie le riche héritage de 18 siècles d'Histoire entre Dieu et son peuple...

Son "Dieu" était bien "le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob",

manifestant par une Alliance particulière sa prédilection et ses exigences,

mais en étant d'abord son "Dieu" à lui, Ieshoua, gratifiant inconditionnellement chacune et chacun de son soleil et de sa pluie, indispensable à toute croissance, et donc plus accessible aux simples qu'aux suffisants... Et "son" Dieu, juste reflet de ce qu'il était lui-même, Ieshoua vivait en intime et constante communication avec lui Source de son être et se son agir essentiel, repère et référence fondamentale dans son regard sur la vie et sur tout être humain, inachevé, en marche vers son devenir singulier-solidaire.

Voilà bien Ieshoua, tel qu'il m'apparaît à la lueur de ma frêle loupiote,aprèsl2 ans d'ermitage consacrés à l'exploration de son expérience de trois années, où il s'est mis à vivre à ciel ouvert ce qui avait mûri en lui et dont l'authenticité lui avait été confirmée lors de son pèlerinage au Jourdain.

Ce jour-là, il eut le sentiment d'être né à la liberté; désormais, il ne se contenterait plus d'être un bon Israëlite, un bon charpentier, un bon paroissien de la synagogue de Nazareth, un bon Galiléen mobilisable contre ces païens de Romains, il serait enfin Ieshoua, pour lui-même, pour son "Abba" et pour partager sa propre libération avec le plus grand nombre possible de ses compatriotes.

Vraiment, il n'était plus le même. Il avait commencé par changer d'adresse, en faisant de Capharnaüm son port d'attache, sur les bords du Lac, où il connaissait peut-être déjà pas mal de pêcheurs dont il avait réparé les bateaux. Il eut vite fait d'en convaincre quelques-uns de l'accompagner : il trimbalait avec lui une telle liberté ! et ce qu'il disait, avec un naturel, une simplicité, un aplomb et un bonheur transparents, rejoignait ce que beaucoup de celles et de ceux qui l'entendaient, portaient en eux, au point que chacune et chacun pouvait avoir le sentiment d'être personnellement reconnu.

Ce n'était pas un langage de jugement, de menace, de condamnation, de rappel à l'ordre, mais une invitation à croire dans la vie, à se sa voir autorisés et invités à vivre, à sortir des peurs et des accablements, à ne pas interpréter les événements et les situations comme des récompenses ou des punitions, à regarder les choses de la vie et surtout les êtres humains d'un tout autre regard.

"Jamais homme n'a parlé comme cet homme"(Jean 7,46). Chacune et chacun comprenait ce qu'il était disposé à comprendre; Ieshoua n'enseignait pas, il partageait avec ses compatriotes ce qu'il portait en lui; il sentait bien des réticences, des résistances, des protestations, des indignations; il contrariait, il dérangeait, il brouillait les cartes, il compliquait la situation, il remettait en cause les équilibres acquis, il franchissait des seuils et scandalisait par sa liberté de paroles et de comportements.

La situation s'était inévitablement envenimée et Ieshoua commit l'imprudence de se rendre à Jérusalem pour la Pâque. Il partagea avec ses compagnons très inquiets un repas très mémorable qui fut ensuite interprété comme un repas d'adieu. Ieshoua avait pris des risques; ce n'était pas la première fois; il ne voulait pas mourir, mais continuer à rencontrer ses compatriotes.

Ieshoua a été trahi, abandonné, lâchement et cruellement éliminé. Comme tant d'autres humains qui ont eu l'audace de dire ce qu'ils avaient à dire, de faire ce qu'ils avaient à faire, de vivre ce qu'ils avaient à vivre, de devenir celle ou celui qu'ils étaient appelés à devenir.

Cette dernière rédaction - après combien d'autres ! - est évidemment et outrageusement déficiente et simpliste. Peut-être nous permettra-t-elle cependant, en la corrigeant, de poursuivre notre échange à Miremande, dans les prochains jours - sans oublier surtout ce fond d'inconnaissance d'un niveau tout différent des difficultés d'une reconstitution historique .

 

Georges SAUVAGE  

Bonneval,  F 26410 BOULC


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@2006 JS "Jésus simplement" mise à jour le 11/04/2006