Graf Dürkeim,

"Le but de la méditation"

dans "Le Centre de l'être", p. 80-81

 

 

  

 

La montagne vide

(Une partie de cet extrait était déjà parue dans le N° 38)

Le but de la méditation sera toujours la transparence de l'être humain pour h: transcendance qui est présente dans le tréfonds de son être.

Cette idée est basée sur la bipolarité de l'homme : un pôle conditionné et un pôle inconditionné.

Nous pouvons nous poser la question : d'où savons-nous quelque chose de ce noyau inconditionné ? Est-ce là le fruit d'une pieuse imagination ? Est-ce le résultat d'une métaphysique spéculative ? Est-ce l'acceptation d'un dogme ?

Tout notre travail repose sur la reconnaissance d'une expérience qui mérite d'être qualifiée d'expérience de la transcendance. Cette expérience est à la base du chemin initiatique tel que l'Orient le connaît. Dès le moment où nous envisageons la chance d'une telle expérience, nous nous trouvons également sur le chemin initiatique.

Qu'est-ce que la voie initiatique ? C'est toujours l'effort de l'homme pour se débarrasser d'un voile qui l'empêche de voir et de sentir sa vérité authentique, sa vérité essentielle. Toujours ce chemin commence avec une expérience dans laquelle l'homme se sent touché par quelque chose de l'au-delà. Il se sent touché par quelque chose qui fait partie de lui-même, mais qu'il a apparemment perdu et qu'il lui faut retrouver. Et le chemin initiatique est cet effort systématique pour se débarrasser de ce qui cache ce tréfonds qui s'est révélé dans cette expérience. Et enfin, c'est le chemin qui engage l'homme dans un mouvement de transformation existentiel ayant pour base cette expérience.

D'où prenons-nous le droit de parler du caractère transcendantal d'une expérience ? Nous vivons une époque qui manifeste une nostalgie de l'expérience mystique. Quantité de personnes se sentent attirées par un au-delà des conditions habituelles. En même temps, le terme mystique éveille bon nombre de réticences, de méfiances, non seulement chez ceux qui se disent athées, mais aussi chez les représentants de l'administration de l'Eglise, une prudence et une méfiance quant à l'authenticité de ces expériences.

Se posent trois questions. L'expérience mystique n'est-elle pas quelque chose de purement subjectif ? Subjective aux deux sens de ce mot, parce que totalement individuelle et complètement différente si elle est vécue et reconnue par une autre personne.(...)

(...) Le langage qui tente d'exprimer une expérience mystique est toujours et partout le même ! Dans mon petit livre sur Maître Eckhart, j'avais écrit quelques citations de celui-ci. Un ami japonais qui avait lu mon livre vient me voir et me montre une liste de phrases reprises chez de grands mystiques de la tradition zen. Et à ma surprise. ces phrases étaient  littéralement les mêmes.

«... On doit donc reconnaître que si l'homme est capable de percer les différentes couches de ses conditionnements personnels et collectifs, il arrive à toucher quelque chose qui est identique pour tous les hommes. Si l'homme ne tombe pas dans le piège de vouloir immédiatement interpréter son expérience en termes de sa tradition ou de sa culture et qu'il se contente d'une expression spontanée, celle-ci sera toujours et partout la même. Au fond ce n'est pas étonnant, l'homme est l'homme ; la réalité est la réalité ; le divin est le divin ! Alors au fond, on devrait toujours et partout trouver la même chose.

Les différences sont celles de l'interprétation de l'expérience. Interprétation qui investit la culture, la tradition, la maturité personnelle. Mais ce qui importe est de se rendre compte qu'il y a quelque chose en commun. Ce fond commun se révèle dans l'expérience mystique. »

 

 


 

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@2006 "Jésus simplement" mise à jour le 11/04/2006