Bernard Feillet
"DE LA FOI
COMME CROYANCE
A LA FOI
COMME DECOUVERTE ..."
dans JS n° 44, juin 2005, p.2
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Au fur et à mesure que l'interrogation spirituelle du monde occidental se dégage de la prégnance de la théologie chrétienne concernant la divinité de Jésus et la domination d'un Dieu tout-puissant qui dirige le monde et dicte sa révélation à ses prophètes, la question de la religion est radicalement déplacée.
Ils sont nombreux ceux qui reconnaissent en Jésus la figure exceptionnelle d'un homme épris de Dieu et porteur d'un message universel d'amour pour l'humanité entière. Mais aussi grande soit son influence et aussi belle sa posture, Jésus ne répond plus à la question sur Dieu telle qu'elle s'énonce aujourd'hui. Car cette question interroge l'avenir et ne cherche plus une réponse dans les siècles passé. En se posant de manière radicale la question se porte sur des espaces inexplorés que la personne de Jésus ne suffit plus à baliser.
De plus, la question n'est plus celle d'une communauté de croyants appuyés sur une tradition et sur des Écritures, mais elle est devenue la question de l'individu. L'individu n'est pas ici le défenseur d'un individualisme protecteur: il est l'être singulier à qui la question de Dieu se pose de manière singulière.
Si nous voulons comprendre l'évolution du monde contemporain sur la question de Dieu, il nous faut chercher en nous-mêmes les éléments de réponse en nous posant aussi la question de manière singulière. Laisser surgir nos interrogations en les confrontant non pas à ce que nous avons appris, mais à notre expérience et même, plus radicalement, ne pas vouloir répondre à la question "Qui est Dieu?", mais nous mettre en cause dans la formulation de la question "Qui suis je devant Dieu?"
Nous serons ainsi conduits à ne jamais séparer la question de Dieu de l'homme qui se pose la question. Aussi le champ d'investigation est-il immense et pourtant limité par la relativité de la condition humaine. En définitive, en posant la question de Dieu, c'est la questions de l'homme que nous explorons.
Cette démarche représente une révolution dans l'univers des religions. Celles-ci partent toujours de Dieu pour définir l'homme. Le renversement est de partir de l'homme pour explorer l'émergence de l'homme vers le divin. Ce dernier terme ne préjuge pas de la manière dont nous tenterons de parler de Dieu. L'honnêteté de la question est de ne pas présupposer que nous pouvons parler de Dieu comme de quelqu'un qui serait ce Dieu établi une fois pour toutes, ce Dieu dont l'image peut se présenter comme celle d'une idole. La question contemporaine sur Dieu, même dans un monde qui peut se dire athée, pourrait nous conduire à sauver Dieu de l'idolâtrie.
C'est ici le passage d'une affirmation sur le Dieu antérieur à l'homme, à la recherche du Dieu dans le devenir de l'homme. Alors la question formulée plus haut n'est plus seulement "Qui suis-je devant Dieu?", mais "Que devient Dieu en moi?"
Bernard Feillet, mai 2005
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@2006 dernière mise à jour 11/04/2006
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